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Et si on ré-imaginait l’évaluation ?

Démarré par Pascal Detroz dans Évaluer dans la robustesse 10 avril 2025 17:00

L’évaluation reste souvent le maillon rigide de l’enseignement. Peut-elle, elle aussi, devenir un espace de robustesse ? Que gagnerions-nous à évaluer autrement : avec lenteur, avec ouverture, en tenant compte du chemin plutôt que du seul résultat ? Que deviendrait l’évaluation si elle intégrait la redondance, l’incomplétude, la diversité des approches ?

Nous vous proposons de réfléchir ensemble : que pourrait signifier “évaluer robustement” ? Et que cela changerait-il pour vous, pour vos étudiant·es, pour nos institutions ? Est-ce soutenable pour nos institutions qui doivent, au final, certifier les compétences des étudiants ?

1 juillet 2025 09:22

Je relis en diagonale l'ensemble des messages et des discussions, et il me semble qu'une question n'est pas abordée, question en lien avec un "ré-imagination" de l'évaluation. L'évaluation robuste, l'évaluation de la robustesse, la robustesse comme évaluation, l'évaluation et la robustesse pour la formation initiale et continuée, il ne manquerait que de se poser la question suivante. A quoi pourrait ressembler un "évaluateur robuste" ? Ou existerait-il des postures plus proches de la robustesse qu'autres, qui seraient alors, proche  (si on prend quelques antonymes de robustesse) du délabrement, de la fragilité, mais aussi délicatesse et gracilité (d'après le CNTRL). 

Je me suis posé cette question en corrigeant les copies des étudiant.e.s et en réalisant que je me sentais bien fragile pendant en cette période d'éxamens. Fragile pourquoi ? Parce que le temps est vraiment compté. Parce que en dépits des grilles critériées, je me demande toujours si je n'ai pas été trop dure. Parce que j'ai toujours ce sentiments qu'il s'est passé des choses importantes pendant le cours et dont je ne peux pas vraiment tenir compte. Parce que, depuis plusieurs années, les étudiant.e.s me paraissent plus fragiles. Etc.

 Je me suis posé cette question dans l'évaluation d'un projet. Lorsque les partenaires m'ont attribué le totem "de hibou", c'était à la fois pour se moquer et aussi pour me situer. Se moquer, les partenaires devaient certainement en avoir un peu marre que j'ai un avis sur tout, et souvent un peu à rebrousse poil. Me situer, c'était m'accorder une véritable place dans le projet qui n'était pas la place assignée par les objectifs et les workpackage. Je me suis senti à la fois très fragile dans la négociation de l'évaluation participative, et en même très robuste du point de vue des valeurs. En effet, l'évaluation ex ante du projet montrait clairement un défaut de participation des usagers et des bénéficiaires. Ma robustesse a peut-être été de tenir ce cap pendant tout le projet notamment à travers l'évaluation et le groupe de travail sur l'évaluation qui impliquait les partenaire ? 

Je suis donc curieux à propos de la posture de l'évaluateur en lien avec la robustesse. Surtout que la robustesse pourrait alors caché d'autres postures comme la fermeté, la solidité, la puissance, la résistance, ... 


1 juillet 2025 17:02

Sans nul doute... Mais pour avoir "vécu" de l'intérieur les positions d'évalué et d'évaluateur, je me sens bien moins mal (et je n'ai pas dit "mieux") dans la seconde. Comme évaluateur, je m'applique à ne jamais "bâcler", à prendre le temps nécessaire, à relire deux fois plutôt qu'une et même si je suis loin d'être à l'abri d'une erreur de jugement, je m'endors avec le sentiment d'avoir"rempli ma mission" en donnant toute l'attention nécessaire pour l'investissement consenti par la personne que j'évalue. 

En qualité d'évaluée, j'avoue que j'ai parfois des doutes, j'ai parfois une impression d'incompréhension, il m'arrive de me demander s'il s'agit bien "de ma copie" (au sens large évidemment!) que le lecteur commente et non celle du voisin. 

Quand il reçoit une "mauvaise évaluation", oui, l'évalué doit se montrer robuste (le contraire de fragile) et remettre courageusement l'ouvrage sur le métier. Il sait, une fois la frustration bue, que c'est la meilleure façon de progresser. Quand il reçoit une évaluation surprenante, dans le sens d'"imprévisible", d'"inattendu", l'évalué doit l'être plus encore. Car c'est cela aussi la robustesse : gérer l'imprévu, ce que l'on ne sait (tout se suite) comment améliorer... 

Catherine

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